Cette semaine, nous vous proposons un chiffre qui en dit long sur notre manière de recruter. Comme le rappelle Peter Gumbel : « Nulle part ailleurs dans le monde qu’en France, la question de savoir où vous avez fait vos études ne déterminent si profondément votre carrière. » Gumbel a d'ailleurs écrit un livre sur ce sujet "Elite Academy", car si la France était une émission de télévision, ce serait l’Élite Academy. Un concours que l’on adore critiquer, mais qui nous fascine.
Il est nécessaire de considérer le diplôme comme un critère parmi d’autres dans l’obtention d’un emploi. Ces critères sont pluriels comme l’explique une étude de Pôle Emploi publiée en Mars 2018. On y distingue notamment comme critères prioritaires l’expérience professionnelle dans un métier, les compétences comportementales, la variété des expériences professionnelles … Désormais, le diplôme ne se situe plus qu’en 6e position des informations regardées de façon prioritaire dans un CV, selon les employeurs interrogés par Pôle Emploi. Seuls 40% d’entre eux regardent le diplôme en priorité contre 74% pour l’expérience professionnelle.
Ce chiffre est plus bas chez les entreprises ayant moins de 5 salariés... celles-ci pour beaucoup ayant arrêté de regarder les diplômés pour deux raisons :
Chez Helevato, nous parlons de syndrome de la catapulte... Nous parions sur les réussites futures du candidat en regardant la catapulte qui l'a expédié dans les airs... croisons les doigts que le candidat atterrisse correctement et aussi loin qu'espéré. Nous sommes donc fascinés par la taille de la catapulte, d'ailleurs les classements des écoles ne sont autres que le classement de ces catapultes.
Cependant, est-ce pour autant que nos recrutements sont meilleurs si nous oublions de regarder le diplôme ?
Certains diplômes donnent une réelle connaissance (et quelques prérequis de compétences) qui sont importants dans le domaine. Ils qualifient les prérequis du secteur et également la motivation des candidats. C'est pourquoi, pour 77% des établissements recruteurs du secteur de l’action sociale, le diplôme est une information regardée de façon prioritaire dans un CV. C’est 59% pour les activités spécialisées, scientifiques et techniques et 31% pour la construction.
Autrefois relégué au second plan, le savoir être dit « soft skills » est désormais un critère d’importance majeure lors d’entretiens d’embauche, en lien avec l’évolution rapide des métiers qui requiert une capacité accrue à apprendre à s’adapter et à s’organiser et le sera de plus en plus selon le lien de notre post. Toujours selon l’étude Pôle Emploi, pour 60% des employeurs, ces « compétences comportementales » sont jugées « plus importantes que les compétences techniques ». Il faut dire qu’il est bien plus facile d’acquérir des compétences techniques (notamment, car les outils pédagogiques existent et les automatismes sont plus faciles à modifier) que des soft skills.
Derniers points, même si les entreprises n’ont pas besoin de diplômes, mais de compétences... L'effet de halo dont nous parlons dans un autre post est l'exemple même de notre incapacité à mesurer à partir d'un CV la pertinence d'aller plus loin avec le candidat. La question est trop complexe et le marketing des lignes du CV n'arrange rien à l'affaire.
Une batterie de tests reste une bonne solution encore... faut-il choisir les bons pour ne pas sortir un bazooka pour toucher une mouche et ne pas perdre de vue qu'un recrutement est un processus humain (ghosting).