Les acteurs du travail à distance et les fervents défenseurs du télétravail ont fêté l'augmentation de l'utilisation de ce moyen. Moyen qui a été oublié ou moqué depuis de nombreuses années. Julia de Funes, philosophe, rappelle que "Le télétravail modifie notre rapport au travail sur plusieurs points. Il déplace le travail, et en déplaçant le travail, il lui redonne sa juste place.
"La vie prend le dessus sur le travail sur site : le télétravail devient une activité comme une autre, au milieu des devoirs, au milieu d'autres activités. Le travail reprend du sens, dans ce sens-là, parce qu'il n'est qu'un moyen au service de la vie. Le gros piège du travail sur site, à l'opposé du télétravail, c'est que le travail devienne la finalité ultime de la vie."
Le télétravail agit comme un tamis, c'est-à-dire que seule la performance compte. Le résultat apparait comme primordial. Comme nous le répétons, les collaborateurs recherchent l'autonomie et la responsabilité et non une crèche à adulte. Seule la performance compte.
Le télétravail limite l'effet de halo également que nous avons déjà expliqué dans un autre post : nous sommes moins accaparés par l'image que le salarié projette, et plutôt sur le travail effectif. Tous ces gens-là, qui sont dans une théâtralité, ne peuvent plus jouer cette comédie en télétravail.
Enfin, le management est plus direct parce qu'il s'occupe véritablement du résultat concret de ce qu'apporte le salarié, plus que de cette gestuelle qui peut tromper les apparences.
N'oublions pas que ce télétravail est assez rare pour certaines franges : Les artisans et ouvriers, notamment peu qualifiés, de l’industrie et du bâtiment ont font partie. Ne pensons donc pas au télétravail comme solution ultime. Ce serait imaginé que notre économie n'est faite que de secteurs de services ou de back office.
Rappelons également que tous les profils ne sont pas touchés par le télétravail. Notre article sur les différents profils d'actifs révélait qu'une petite partie pouvait utiliser le télétravail. 4 millions d’emplois de professions intermédiaires ou d’employés qualifiés, par exemple, ont eu une inactivité partielle durant la crise du Coronavirus. Les difficultés à télétravailler les exposaient à des risques d’éloignement de la sphère professionnelle et de perte de socialisation.
La crise économique n'a pas proposé le vrai rythme attendu pour du télétravail. Pour certains secteurs, la performance attendue était bien moindre que normalement. Pour ces franges, si les salariés étaient dans les meilleures conditions (pas de cours à donner aux enfants, une surface du lieu de vie suffisante, une infrastructure numérique existante...), il n'était pas dans la vitesse du monde économique qu'ils connaissaient normalement.
De l'autre, des « cadres hyperconnectés » ont assuré à distance la continuité du travail, préparaient la reprise d’activité voire même ont travaillaient pour permettre de produire et proposer des services (certification de masques par exemple). La charge mentale, l’intensité du travail et la difficulté de conciliation avec la vie familiale a pu être des bombes à retardement pour les entreprises qui les emploient.
Ensuite, le cadre de mise en place du télétravail n'avait pas été pensé et le management pour beaucoup n'était pas préparé à cette crise. Le télétravail a donc été un tâtonnement plus ou moins réussi. Alors ne crions pas victoire, il y a encore beaucoup de chemins pour une bonne utilisation du travail à distance et notamment du télétravail. Mais aussi en écho, au développement des 7 compétences de demain.
Enfin le télétravail, le numérique, ne doit pas supplanter le présentiel et la présence réelle. Travailler 5j/5 n'est pas bon. C'est une hybridation, une chimie prenant en compte différents moyens. Un jour ou deux par semaine apparait comme suffisant.